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    Dans la tête du tireur

    Vodka Da Smirnoffka
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    Message par Vodka Da Smirnoffka 2012-08-04, 18:54

    Note: Il s'agit d'une histoire que écrite il y a quatre ans. Certains d'entre vous la connaisse déjà bien. Rien de nouveau donc mais je suis retombé dessus et j'ai le plaisir de vous la ré-offrir en postant tous les jours un nouveau chapitre.

    Chapitre 1:
    Mon devoir est de tuer. Frapper mortellement, en une fraction de seconde, ce qui est condamné à mort. Par qui? Pourquoi? Peu importe, la guerre n’admet pas de questions. Opposants au régime, hommes et femmes errants, soldats ennemis, rebelles financés par les puissances étrangères, enfants, vieillards, autant de noms pour une seule et même réalité: ma cible!
    Frapper mortellement. Tuer. Le temps qui nous étouffe, la mort qui nous guette, sont tous deux invisibles. Peut-on arrêter le temps et vaincre la mort en tuant soldats, paysans, mercenaires, intrus venus d’on ne sait quel coin du monde? Détruire. Anéantir. Je ne laisserai personne vivant.
    Il suffit d’un survivant pour que l’irrémédiable ait lieu: l’accusation. Et avec cette chienne malpropre, la condamnation et la peine. Car dés qu’une bouche s’ouvre, un trou noir se creuse dans le monde, et avec lui un suspens: que dira cette bouche? Quelle vérité proférera t’elle?
    Les gens sont avides d’évènements. Râles et gémissements parlent aussi. Diable! Les bouches humaines ont toutes la mauvaise habitude de parler, difformité dont nous n’avons guère besoin. Race maudite, je ferai de vous un tas de viande hachée. Adorateurs du verbe, candidats aux épanchements en discours blasphématoires, tribuns malintentionnés, hyènes puantes, votre cervelle volera en éclat! Plaintes, revendications, propositions de règlement pacifiques proclamation de nouvelles lois, discours acharnés à dire ce qui se passe, il n’y a pas de place pour vous; faut vous éliminer les uns après les autres, systématiquement, dans l’ordre de votre apparition.
    Dois-je je jurer? Après moi ne restera aucune bouche parlante. Après mon dernier coup de fusil, l’ordre régnera. Je participe à ce conflit pour éliminer cette anomalie porteuse de paroles insensées qu’est l’homme. Mon fusil se charge d’éliminer cette hideuse source de mots qui n’existe que pour salir, crier la révolte et inciter à la désobéissance. Si ils ne parlaient pas, si ils ne proféraient pas, leurs hallucinés sur le droit à la vie, au bonheur et à la terre, qui, selon eux, leur appartient, alors qu’elle est depuis toujours à nous, il n’y aurait pas de guerre. La guerre a lieu parce qu’il y a trop de bouches parlantes. trop de calomnie.
    Celui qui accepte l’ordre et obéit à la loi ne peut jamais être l’origine du mal. Source du malheur. cause du besoin de régler les choses avec les armes.


    Dernière édition par Vodka Da Smirnoffka le 2012-08-06, 05:24, édité 1 fois
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    Message par MartinMb 2012-08-04, 19:01

    OUI ! OUI !
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    Message par Cyann 2012-08-05, 05:27

    J'ai l'impression de la découvrir... ah, mais si elle a quatre ans, je la lis probablement pour la première fois.
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    Message par Vodka Da Smirnoffka 2012-08-06, 05:23

    Chapitre 2:
    J’ai l’œil sur tout. Ville assiégée. Ruines. Ciel. Paysage. Voir, enregistrer le moindre mouvement, c’est mon boulot. Aucun déplacement de l’ennemi ne m’échappe. Mon attention est infaillible.
    Qu’est-ce qu’un tireur? Celui qui vise juste. Envie de tuer est un désir primaire. En ébauche dans le ventre maternel. Et on me condamne? Pourquoi cette réprobation? Il faut une barrière d’inhibitions énorme pour que le désir de tuer soit réprimé. Tuer. Tuer. Les transpositions de ce désir constituent l’histoire de l’humanité. Chasse, guerre, aréne politique et sportive, bourse, économie: l’inconscient de l’homme l’est qu’une panoplie de rivaux. Maîtres ,adversaires, chefs, tyrans, concurrents, patrons, ils sont légion. Et tous à tuer! Quel travail que de canaliser cette pulsion!
    Je charge mon fusil. Une femme apparaît au seuil d’une maison en ruine, un seau à la main. Elle doit traverser la rue, passer par un portail; le seul puis qui n’est pas encore empoisonné se trouve au milieu du jardin que je surveille nuit et jour. La soif vous étrangle? Je vise. La femme qui traverse la rue tombe la tête fracassée.
    Avez-vous des doutes? Pas moi. je tire. Dés que la pensée de l’homme s’enlise dans le doute, ses convictions s’enlisent également. Comment peut-on viser correctement ce qu’on veut tuer si on a pas les idées claires? Sans perspective limpide, le tireur meurt. feu! Il n’y a pas d’autres méthodes en ce monde. C’est ici, sous ce ciel, qu’il faut tuer. Malgré l’inflation de simulacres de toutes sortes, il n’y a qu’un monde: celui que nous faisons surgir en visant juste.
    Allez, prenez vos seaux pour aller chercher à boire. Entrez dans mon champ de vision! Les corps de survivants assoiffés matérialisent mon combat. Ce sont eux, leurs corps, que cherche le tireur embusqué. N’est vraie que la vision où l’homme étreint l’univers. Ah! Ces deux amants, homme-univers, dont rien ne démêle les membres. Mais une balle, bien tirée, démêle tout.
    Je recharge mon fusil. Un groupe d’enfants, poursuivis par une femelle paniquée, sans doute leur mère, éveille mon intérêt. Ca fait longtemps que je n’ai pas perforé le cul d’un braillard! Toutefois c’est sur la route menant au pont qu’émerge ma prochaine cible: le messager, venu pour troubler l’ordre qu’imposent mes balles. Venu de l’autre côté de la montagne, il veut donner de l’espoir à ceux qui survivent dans les ruines que je surveille. Il veut leur injecter de la force pour qu’ils puissent continuer à vivre, sans feu ni nourriture, dans le froid glacial au milieu des maisons détruites.
    Résister! Survivre! Leur obsession à eux tous. Et même si le messager leur apporte une mauvaise nouvelle: le décès tragique des parents, la démolition de leur bled natal, le massacre de leurs femmes, nous n’avons pas besoin de désinformation, ni de nouvelles qui différent de la réalité dont notre propagande forge les contours.
    Le messager, qui est en fait un éclaireur déguisé en paysan, sera ma deuxième victime aujourd’hui, après l’étourdie qui allait chercher de l’eau ce matin mais aussi après l’officier d’hier matin et l’infirmière de la Croix-Rouge tuée hier soir.
    Messager ou espion, je ne vois que ses yeux étonnés d’être frappé en plein front par une foudre tombée du ciel alors que le ciel était sans nuages. Ah! Le messager mort au même titre que tous les importuns que je viens d’évoquer et que tous les autres à venir, c’est du bon travail tout ça! Le messager mort ça signifie surtout: plus de désinformation, plus de renseignements tronqués, plus de déformation de la réalité.
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    Message par Vodka Da Smirnoffka 2012-08-07, 07:32

    Chapitre 3:
    On dit l’époque cruelle? Violente,? Abjecte? je suis la violence pure. Mais, étant donné que je remplis une mission, tuer tout ce qui menace notre régime, je suis également au dessus des qualificatifs moraux. la violence pure ne connaît aucun critère. Elle déferle. tue; Anéantit. Étant la violence à l’état pur, je suis l’époque. Alors taisez-vous! Gardez vos gueules suintantes d’impératifs moraux fermées jusqu’à ce qu’une de mes balles vous fasse éclater la boîte crânienne! Au delà de l’abjection, je sers l’État. Tirer sur ceux qui, incidemment ,travaillent à sa désagrégation est mon devoir. je vise et j’exécute tous ceux qui nuisent à notre régime. Je n’ai pas de préférences. Pas de priorités. Soldats, paysans, femmes, enfants, vieillards, peu m’importe. Je fais mon boulot. Et les têtes éclatent. Est-ce que je tire sur mes semblables? Né homme normal, j’ai su, à la différence de mes cibles, m’intégrer aux bâtisseurs de l’ordre. L’État d’abord.
    Tout à l’heure j’ai vu surgir des ruines un groupe de gens. Ils étaient épuisés, affamés. Ô joie! Cette souffrance, la détresse qui se peignait sur leurs figures, c’était le résultat de mon travail. Une des femmes à l’avant du groupe agitait une chemise blanche. J’ai appuyé sur la gâchette. La tête de la femme a éclaté sous les yeux ahuris du groupe qu’elle menait.
    Eh! Seuls les puissants sont protégés en ce monde. Alors que les misérables... juste des pastèques bonnes à faire sauter. Qui d’ailleurs souhaiterait tuer les puissants? Soyons réalistes! Si je tue les puissants qui va me fournir les munitions? me payer? Me livrer de nouvelles armes? Un chose est naître, une autre est vivre.
    Que veulent ces porcs d’opposants? Que notre État tombe? Leur cervelle me dégoutte. Elle éclabousse les murs des maisons, gicle jusqu’aux branches des arbres plantés pas l’État le long des avenues de notre ville pour embellir l’environnement. Sales cons, loques désorientées! Les rêves de puissance et de confort matériel hantent leurs caissons. Intoxiqués jusqu’à la moelle épinière par la propagande ennemie, ils oublient au prix de quels sacrifice notre régime les a allaités. où est le rejet du diktat des puissances étrangères? où est le mépris de la gadoue matérialiste que le capital ennemi importe chez nous? La populace veut ce qu’elle ne mérite pas. L’argent sans travail. Les honneurs sans mérite. Je hais cette vermine plus que tout, parce qu’elle infecte notre société, mine notre État, sabote notre régime.
    Regardez autour de vous. Dans cette ville, traîtres et profiteurs rêvent des richesses du régime ennemi, prêts à accepter la domination. Nés dans notre pays mais prêts à collaborer, ils attendent que le régime ennemi s’installe chez nous en maître. Mais notre État se défendra. Ceux que je tue sont des embryons de cette société d’arrogance et de profits, société abjecte, vile et méprisable et que nous sommes encore quelques-uns à refuser. L’ennemi veut anéantir notre État pour parachever son empire. Il sème chez nous les germes de cette pourriture d’importation qui dévore les cultures du monde entier. Dans dix ans, même chez nous, si l’on ne s’y oppose, nos citoyens seront les membres d’un autre État, esclave d’un universel abrutissement. Alors qu’ils méritent la mort.
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    Message par Vodka Da Smirnoffka 2012-08-10, 13:05

    Chapitre 4:
    Qui peut me repérer ici, dans ma cache à l’entrée bétonnée d’une galerie souterraine? Les éclaireurs? Les avions de chasse? L’œil stupide d’un drone? Je veille.
    Ma première crise de colère, je m’en souviens avec exactitude, je l’ai eue quand, un jour de printemps, une bande d’éléments insubordonnés à commencé à démanteler les monuments de notre régime. A l’époque les ordres n’étaient pas clairs. Fallait-il intervenir? Réprimer brutalement? Temporiser? Sauvegarder les apparences de paix civile? En voyant ces bandits attaquer les emblèmes de notre régime, j’ai pris l’initiative. L’État n’est jamais assez brutal. Son armée ne réprime jamais assez ceux qui passent à l’acte. J’ai chargé mon fusil. Qu’espérez-vous? J’ai tiré pour la première fois. Le voyou qui avait levé le marteau pour donner l’assaut contre l’État est tombé raide. Crachant du sang. Étonné de voir que le monument qu’il voulait démanteler avait le pouvoir de tuer. Crève, émeutier! Les yeux exorbités, la tronche écrasée dans la boue, le détracteur agonisait. Il voulait sans doute proférait ses dernières injures mais ne parvenait qu’a grogner. Des couinements de porc égorgé glougloutaient dans sa bouche en bouillie. Premier à lever le marteau contre l’État, premier à tomber le crâne fracassé! Juste? L’État doit se défendre, l’Histoire le prouve. Il y a toujours des individus disséminés dans les diverses couches de la société qu’une bonne propagande antiétatique parvient à détourner du droti chemin, puis à inclure dans les rangs des parasites prêts à se soulever contre l’État. En réalité, ces éléments de contestation n’ont rien à proposer, à part casser des statues, démanteler ce que l’État à bâti, détruire les symbole du régime au sein duquel ils végètent. J’ai tiré encore plusieurs fois, fauchant trois autres bandits qui avaient osé s’attaquer à nos monuments. Ces fils de pute étaient soudain des milliers, martelant le béton, desserrant les boulons qui fixaient nos statues aux socles en pierre, sciant les structures de l’État. Donnez aux éléments insubordonnés l’espace pour agir et les fondements de votre régime seront ébranlés à l’instar de vos monuments. Après avoir neutralisé une vingtaine d’émeutiers, j’ai voulu encore recharger mon fusil. Mes munitions! Épuisées... Pris de fureur, j’ai alors hurlé. En temps de paix on ne pense jamais assez à s’armer. Qu’est-ce qu’un tireur d’élite sans cartouches? Un pauvre enculé qui assiste au démantèlement de l’État sans pouvoir intervenir. Viser sans pouvoir tirer, c’est la mort du tireur embusqué! Le commencement de la désagrégation du régime.
    Entre-temps, les morceaux de bétons s’envolaient des socles des statues prises d’assaut, les monuments tremblaient dans la ville submergée d’émeutiers, le marbre cédait à la rage des marteaux, alors que moi, impuissant et frustré, j’attendais une nouvelle livraison de munitions. La première statue tombée, les bras d’une autre se sont envolés vers le ciel et une troisième vacillait, et je n’ai pu intervenir pour mettre fin à ce spectacle désolant qu’à l’arrivée d’une nouvelle caisse de munitions.
    Êtes-vous des citoyens honnêtes? Lutter pour la survie de notre régime est un devoir!
    J’ai rechargé mon fusil. Feu! Feu! Un émeutier mort, deux autres anéantis. Feu toujours! Et le résultat? Au lieu de voir tomber les monuments de notre régime, je voyais tomber les émeutiers, l’espoir du renversement de notre État réduit à des giclées de cervelle.
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    Message par Vodka Da Smirnoffka 2012-08-12, 05:54

    Chapitre 5:
    Alors que le sol tremble sous les bombes et les roues des engins militaires en route vers le front, j’entends des appels à Dieu partout. Ô ciel! Les uns s’en remettent à Dieu et aux avions pour anéantir notre régime, les autres guerroient et égorgent a nom d’une Terre Sainte, et les victimes abandonnées dans les ornières de l’histoire hurlent d’une voix désespérée: “Dieu, je t’en conjure, Arrêtes ces massacres!”.
    Mais Dieu laisse faire. Il n’entend guère parler de terre brûlée, ni d’exécutions sommaires, ni de déportation, ni de camps de concentration, ni de massacres de civils.
    Et la communauté humaine? Les promesses des puissances étrangère se résument, depuis le début du conflit, au triptyque: paix - amour - Dieu. Les menaces des fanatiques s’appuient sur le même triptyque, à peine différent: Dieu - haine - guerre. Pour les uns la vache sacrée est la croyance; pour les autres le droit d’intervenir là où les exactions freinent la consolidation de leur empire. Et tous font appel à Dieu pour les bénir dans leur guerre. La guerre sainte. La guerre contre le mal.
    Et les morts? Personne, aucun État, n’est saint, mais les Saints ont oeuvré à mettre le feu aux poudres. L’État n’a qu’un ennemi: la religion. Les fanatiques brandissent le spectre de la guerre sainte à la moindre occasion Partout les Saints pullulent. Il y en a beaucoup trop pour qu’il n’y ait pas de guerre. Les plus dangereux sont les saints les plus récemment sanctifiés: le Saint Pétrole, le Saint Bizness ou encore le Saint Capital. Ils s’enflamment, ils vocifèrent, ils tirent les ficelles de l’histoire, et moi, vieux laïque, athée lucide, je dois aller au charbon.
    Les enjeux de cette guerre, clairs au début, ne sont plus clairs du tout. une ligne de démarcation, une nouvelle frontière a été tracée à l’intérieur de l’humanité: d’un côté les hommes, de l’autre côté les meurtriers haineux et les technocrates assoiffés de vengeance, qui n’existent pas sans Dieu, livres sacrés, machines et capital.
    Moi-même, quand les vagues dépressives de mon moral m’embrouillent la conscience, j’ai l’impression que je tire à l’aveugle. On a beau appuyer sur la gâchette, les rapports de force sont la seule réalité. Sans eux, la lune ne tournerait pas autour de la terre, ni la terre autour du soleil. Et les bombes ne tomberaient pas sur la tête des gens pour leurs dévoiler les lois de l’univers.
    Mais je n’oublie pas mon devoir. Tirer. Assassiner. Augmenter le nombre des victimes.
    Et les origines de la guerre? Pouah ! Depuis quelques jours, depuis que je vois que rien n’est clair et que tout n’est qu’une obscure boucherie manigancée par des puissants dans un but que j’ignore, je tire avec d’autant plus de ferveur que je veux me venger de ce complot. A bas les saints! Au trou les religions!
    D’un mouvement de l’index, minuscule certes, et insignifiant à l’échelle de l’univers, je mettrai en lumière l’horreur à l’état pur. Mes balles montreront ce que dissimulent les saints. Et si un million de morts ne suffit pas, je continuerai à tirer. Tremblez saints de mes deux! L’index est le membre le plus important de l’homme. D’aucuns s’en servent pour le dresser dans l’intention de montrer la puissance divine; moi je le pose sur la gâchette et ce que je montre d’un seul mouvement dépasse la révélation de tous les saints du monde. Mon index écrit le dernier acte de l’histoire de l’humanité, la révélation de ce qu’est devenu l’homme. Ceux qui survivront pourront s’interroger si ils ne restent pas imbéciles devant une telle révélation, ce qui n’est pas impossible vu l’ampleur de l’horreur.
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    Message par Vodka Da Smirnoffka 2012-08-13, 04:22

    Chapitre 6:
    Je charge mon fusil. Ma grandeur, mon rôle inouï dans l’histoire de l’humanité, je le dois à ce morceau de d’acier: au moment où l’homme peut tuer à distance, sans prendre de risque personnel, l’espace, et avec lui la logique du monde, bascule. Chaque balle que je tire achève une longue histoire du monde, l’ère où les hommes étaient responsables de ce qu’ils faisaient parce qu’ils le faisaient de leurs propres mains. S’ils tuaient, ils tuaient là où leur bras était capable de frapper, mais là où le bras frappe le sang éclabousse le tueur: bref, quand on frappe de ses propres mains, il faut frapper en connaissance de cause, parce que le sentiment de culpabilité, ce frein de la monstruosité présent en tout homme, est prêt à fondre sur vous. depuis hier, on tue à distance. Magiquement. Un homme embusqué au sommet d’une montagne expédie au ciel d’un mouvement de doigt des milliers de morts. Et ses mains restent propres! Où est le remords dans ce cas? Où la culpabilité peut-elle se greffer? Là où le sang ne salit pas les mains du tueur, il n’y a plus d’entraves au crime. Les armes modernes imposent un nouvel ordre. Pensez-vous que j’appartiens au siècle écoulé? Mais non. Je passe allégrement d’un siècle à l’autre. Un nouveau millénaire m’accueille. C’est mon arme, cet engin technique, qui assure ma pérennité. Quand je serre son manche, je n’ai plus de corps humain: je ne fais qu’un avec le fusil. Un amas d’acier, une perfection optique. Une masse de fer, un engin fabriqué grâce aux dernières avancées de la technologie. La cruauté a besoin de précision. Je suis le bras armé d’une force qui ordonne le monde. Systématiquement. Sans faillir.
    Pendant des siècles, l’homme priait et chantait pour vivre sa spiritualité. Aujourd’hui, il accède aux sphères divines en ne faisant qu’un avec son engin. Le mien est un fusil. Un monstre de technologie capable de surveiller l’époque, de raccourcir l’espace, de concentrer le temps en un point unique et de tout faire sauter en une fraction de seconde.
    Les hommes sont prisonniers du monde physique? Moi je vis dans une autre dimension. Matérialisant l’avenir. Qui hait les hommes vivants et les contraintes imposées par leur constitution physiologique. D’autres font le même travail, dans des camps de prisonniers, des centres de recherche, des laboratoires, des abattoirs.
    On m’accuse tuer des enfants? C’est dans leur chair que s’incarnent les millénaires à venir. Le sifflement des balles et le bruit des bombes proclament une justice plus adaptée au monde futur, justice que le tireur embusqué célèbre au dessus des ruines des villes nettoyées.
    Vous mourrez de soif dans les caves pleines de rats? La faim vous martyrise dans vos sous-sols submergés de boue? Sortez de là! Votre martyre sera fini, le temps de charger mon fusil, viser et appuyer sur la gâchette! A l’aube d’une ère nouvelle, ceux qui s’obstinent à rester des êtres caducs, je les envoie d’un coup de feu dans la tombe. le monde n’est plus le même. Les engins qu’on emploie pour assurer l’ordre non plus. Repérer la proie, braquer son arme, cibler, tirer: les ordres pour préparer les millénaires à venir sont clairs! J’exécute un programme. Personne ne trompera un tireur d’élite. Feu sur tout ce qui bouge. La force est dans l’exactitude. La vitesse. Ô joie! La gloire récompense l’armée des puissants. Insurgez-vous, réactionnaires de tous bords! Le monde tourne autour d’un axe nouveau. l’axe des millénaires à venir, où, moi, le tireur embusqué, je saute d’un bon allègre.
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    Message par Cyann 2012-08-13, 04:28

    Je me demande si on aurait pu dire que la guerre devenait un jeu vidéo à l'invention du mousquet... *trollface*
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    Message par Vodka Da Smirnoffka 2012-08-13, 05:32

    Le dernier chapitre arrive demain Smile
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    Message par Vodka Da Smirnoffka 2012-08-14, 04:13

    Chapitre 7 - Dernier chapitre:
    Une charrette? Poussée par un fou? L’homme qui a traversé la montagne pour revenir avec un tas de cadavres ne peut-être qu’un taré. Un homme anormal et donc dangereux. J’ai déjà tué le messager. Je tuerai ce toqué avec autant de promptitude. Épuisé, hagard, il s’arrête au croisement des rues dévastées. Sa femme, enceinte de plusieurs mois, apparaît devant leur maison en ruine. Elle lui fait un signe de main. Pleure. Sanglote. Sans l’arrivée de son mari, cette truie ne serait jamais sortie de son terrier! Avec son ventre gros comme un tambour. Elle regarde autour d’elle, scrute les buissons et les collines, où la neige, après les bombardements, s’est transformée en gadoue immonde, sang, cadavres, chair décomposée, fragments de bombes membres arrachés, cet affreux mélange dégoulinant sur les flancs du massif calciné. Elle à peur, son enfant doit vivre. Mais elle sera obligée, malgré sa prudence, de courir à la rencontre de son héros de mari, parce que l’émotion des retrouvailles est beaucoup trop forte. L’homme, ce détraqué qui a risqué sa vie pour aller chercher les cadavres de sa famille, lui crie de se cacher. “ Y’a un tireur”!”
    Je vise. Où faut-il la frapper? Si je lui brûle la tête, le merdeux pourrait survivre. Faut que je lui éclate le ventre, en plein milieu de la bedaine où le braillard remue déjà. Patience. Dans quelques secondes elle va s’élancer vers son époux chéri que je vais exécuter devant ses yeux avant qu’elle ne l’étreigne. Mais du calme. C’est elle ma véritable proie. La femme enceinte. L’emblème de la vie. Son mari tué, ce n’est qu’un mort de plus. Rien qui puisse frapper les survivants. Il me faut une autre hécatombe. Sacrifier ce qui n’a jamais été sacrifié. Un morveux fracassé au moment de naître, une femme enceinte tuée, c’est ça dont nous avons besoin. L’horreur à l’état pur! Le sacrifice ultime! M’enfoncer dans le crime jusqu’au cordon ombilical, supprimer la possibilité de naître, voilà mon devoir.
    Je charge mon fusil. Quoi? Il ne me reste que deux balles? Stupeur! Angoisse! Je scrute la montagne. Terre brûlée, routes désertes, gravats carbonisés, vallées silencieuses: rien n’indique l’arrivée de munitions. Quelle négligence! Quelle manque de responsabilité! Ne pas respecter les délais de livraison, l’armée n’en a aucun droit. Ce dysfonctionnement me terrifie. Laisser un tireur dans l’impossibilité d’ouvrir le feu au moment décisif, c’est un attentat contre l’ordre. Que veulent mes supérieurs? Que je crève? Les cartouches, il ne m’en reste que deux, force m’est de le constater après avoir recompté. Une pour la femme, une pour l’homme. Et moi? Si pour quelque raison: froid croissant, manque de nourriture, apparition d’un groupe d’éclaireurs ennemi, progression inopinée du même ennemi, je voulais me supprimer! Qu’est-ce que j’en ai à foutre d’un bâtard, dont la tête éclate dés qu’il la sort du ventre de sa mère? L’horreur c’est de vivre au cœur du désastre sans aucune défense. Les villes mortes, les ponts détruits, les montagnes calcinées et les milliers de cadavres en décomposition, on s’y habitue bien vite, on en redemande même, surtout quand, comme moi, on en produit avec aucun risque pour soi-même. Mais être condamné à y attendre sa propre mort seul et désarmé, trahit par son destin, c’est la terreur. Et la terreur, cette connaissance intime des causes du désastre, plonge l’homme dans un univers suffocant, où les bras des victimes s’agitent et gesticulent, accusant ceux qui accouchent les femmes avec des balles tirées en plein ventre, condamnant ceux qui, après s’être enfoncé dans l’abject régent fièrement au milieu des ruines. C’est là, dans cet univers d’anéantissement et de cruauté, que l’éthique étreint l’homme. L’humanité peut-elle vivre plongée dans le crime jusqu’à la naissance assassinée? Ce que je sais, moi qui me moque de la culpabilité, moi qui abhorre les prêcheurs de morale, moi le bloc de marbre trônant armé sur un bloc d’acier à l’entrée bétonnée d’une galerie souterraine, moi le monstre de l’inhumanité......... c’est que l’humanité entre dans l’ère de l’autodestruction.

    FIN

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